Dans cette interview, Sophie Elorri, élue Présidente déléguée de la mutuelle, et Alexandre Capoulade, collaborateur responsable des relations extérieures et des partenariats, reviennent sur l’engagement de la mutuelle dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Alors que les violences sexistes et sexuelles ne diminuent pas et que le droit à l’avortement est remis en question à travers le monde, Mutami réaffirme son engagement à lutter pour l’égalité et l’accès aux droits fondamentaux.

Comment avez-vous découvert le monde de la mutualité et pourquoi vous être engagé ?

Sophie Elorri : J’ai toujours été engagée dans des sphères politiques et syndicales. C’est grâce à mon adhésion à la CGT que j’ai connu Mutami et décidé d’y militer. Je suis entrée à la mutuelle en tant que déléguée et, au fil des années, mon engagement s’est renforcé jusqu’à occuper aujourd’hui un rôle de présidente déléguée.

Alexandre Capoulade : Comme Sophie, j’ai toujours été engagé. Je milite dans ma vie personnelle et professionnelle et mon rôle au sein de Mutami consiste notamment à développer l’engagement de la mutuelle dans le mouvement social. Cela passe par des partenariats avec des associations comme le Secours populaire ou SOS MEDITERRANEE. Nous organisons régulièrement des rencontres avec les adhérents autour d’un film ou d’une exposition pour éveiller les consciences et susciter des réflexions.

Pourquoi vous engager dans la lutte contre les violences faites aux femmes ?

S.E : J’ai été sensibilisée et confrontée aux violences conjugales au cours de ma vie professionnelle (je travaillais alors dans les ressources humaines). Rencontrer des salariées en difficulté, au travail et à la maison, a consolidé mon engagement féministe. En parallèle, j’ai également milité avec le Collectif Bordelais pour les Droits des Femmes et pu recevoir des outils pour aider celles qui en avaient besoin.

A.C : À travers mon parcours militant et syndical, j’ai toujours trouvé des valeurs qui me correspondaient. La lutte contre les violences faites aux femmes mais aussi celle pour les droits des personnes LGBTQIA+ en font partie.

Les ressources pour être accompagnée

3919 : numéro d’écoute et d’information et d’orientation 24h/24 et 7j/7

114 : numéro d’urgence par SMS

https ://commentonsaime.fr : tchat d’échange avec des professionnels du lundi au samedi de 10h à 21h

Pouvez-vous expliquer le lien entre Mutami et l’engagement pour les droits des femmes ?

S.E : Mutami, ce n’est pas une simple mutuelle. Nous sommes une mutuelle engagée, actrice du mouvement social. Cela signifie que nous défendons des valeurs mutualistes, solidaires et humanistes, tant sur le plan politique que sur le terrain.

A.C : Quand je participe à un événement au nom de la mutuelle (Journée des Oubliés de la Santé, exposition avec SOS MEDITERRANEE, Pères Noëls Verts), mon rôle est d’informer les participants sur leurs droits et les ressources qu’ils peuvent mobiliser pour les défendre. C’est ça, une mutuelle engagée.

En parlant d’accès aux droits, comment Mutami s’engage pour défendre le droit à l’avortement menacé en Europe et dans le monde ?

S.E : Notre rôle est politique et informatif. Nous défendons des causes et nous diffusons des informations au grand public pour lui donner les moyens d’agir. L’année dernière, nous avons organisé une projection du film « L’Événement » à Bordeaux. À ce moment-là, il n’y avait pas encore eu de remise en cause du droit à l’avortement aux États-Unis et en Italie. On était, malheureusement, à l’avant-garde du drame qui se déroule. Pour Mutami, interdire aux femmes de disposer de leur corps librement constitue une violence contre laquelle nous devons lutter.

A.C : Ces projections-débats sont essentielles pour éveiller les consciences et ne pas rester sur ses acquis. On voit bien que les droits des femmes ont été le fruit de longues luttes et sont régulièrement remis en cause. En 1974, Simone de Beauvoir prononçait ces mots, qui résonnent tellement fort aujourd’hui : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »

D’ailleurs, ce ne sont pas que les droits des femmes qui sont remis en cause aujourd’hui…

S.E : Malheureusement non. La crise sanitaire a mis en lumière, à tous les niveaux de la société, la casse de l’hôpital public. Si, sur le papier, nous avons accès aux soins, la réalité montre que les ressources des structures de soins sont insuffisantes pour délivrer des soins de qualité. Le constat est le même pour les droits des femmes. Certains prétendent qu’ils sont acquis car, sur le papier, l’égalité existe. Or, la réalité c’est que 0,6 % des viols déclarés sont condamnés. 122 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2021. L’arsenal juridique pour condamner ces violences existe, de plus en plus de policiers sont formés et pourtant les chiffres ne baissent pas. Lutter contre les violences faites aux femmes est plus que jamais d’actualité.

De quelle manière souhaitez-vous développer l’engagement de Mutami à ce sujet ?

A.C : Nous organisons une projection-débat du documentaire Les histoires d’A dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (25 novembre). Cette projection aura lieu au cinéma Utopia de Bordeaux le jeudi 08 décembre à 20h en présence de la réalisatrice Marielle Issartel. Nous allons aussi prochainement mettre à disposition dans nos agences des violentomètres. Un outil qui permet de détecter ce qui constitue des actes de violence et des comportements problématiques.

Qu’est-ce que vous aimeriez dire aux femmes victimes de violence ?

S.E : Vous n’êtes pas seules ! D’autres femmes ont été dans ces situations et s’en sont sorties avec l’aide d’associations. Il y a sûrement des personnes ressources autour de vous. Un voisin, un ami ou un conseiller mutualiste. La peur doit changer de camp.

Comment les adhérents peuvent-ils aider Mutami à lutter contre les violences sexistes et sexuelles ?

A.C : En rejoignant les Comités Territoriaux (CT), près de chez eux. C’est grâce à l’engagement des adhérents dans ces comités que nous pouvons mener des actions de solidarité.

S.E : Mutami a besoin des adhérents pour construire des solutions utiles pour toutes et tous. Tout le monde est bienvenu et peut s’engager à hauteur de ses moyens. Pour rejoindre un CT, rendez-vous dans l’agence Mutami la plus proche de vous et parlez-en à votre conseiller. Vous pouvez également nous écrire via le formulaire de contact de notre site internet.